Mesurer la fréquentation en bibliothèques, épisode 2 : Aller au-delà de compter, connaître les usagers 

Le 10 octobre 2023 était organisée une journée professionnelle au centre Pompidou : « Mesurer la fréquentation en bibliothèques : méthodes, outils et retours d’expérience ». Cette journée a fait l’objet d’une participation importante, sur place et en ligne. Vous pourrez retrouver l’ensemble des interventions en cliquant ici.

Co-organisée par le Ministère de la Culture, la Bibliothèque Publique d’Information et la Commission de Normalisation AFNOR CN46-8, cette journée a mis en avant le potentiel des données induites recueillies pour mesurer la fréquentation, sur place et en ligne des bibliothèques. L’ADBU a souhaité soutenir dès le départ ce projet initié par les membres de la CN46-8 (Information et documentation – Qualité, statistiques et évaluation des résultats), composée de professionnels de la documentation relevant à la fois du Ministère de la Culture et du MESR. Le succès de cette journée professionnelle révèle l’importance des échanges autour de problématiques communes. Un livret de la CN46-8 finalisé pour cette journée synthétise les réflexions méthodologiques en cours.

La Commission Pilotage et Evaluation a poursuivi les échanges sur le sujet lors d’une journée d’étude organisée à l’ENSSIB le 28 mars 2024. Il s’agissait d’aborder des questions complémentaires, très liées à la thématique de la vie étudiante, grâce aux données sollicitées et observées dans le cadre d’enquêtes auprès des publics, conformément à la norme ISO 16 439 préconisant la combinaison des données induites, sollicitées et observées : une évolution de la fréquentation des BU par les étudiants est-elle constatée depuis la crise sanitaire ? Qui vient et pourquoi ? A quelle fréquence et combien de temps ? Comment intégrer la dimension du parcours de l’étudiant sur un campus, au-delà du périmètre des BU ? L’intégralité des interventions de la matinée est disponible ici, ainsi que la présentation globale, téléchargeable ici

Vous avez également la possibilité de suivre les échanges par intervention : 

  1. Un focus spécifique sur l’analyse des résultats des questions posées en 2023 autour des bibliothèques à partir de la dernière enquête Condition de Vie des étudiants par le directeur de l’Observatoire national de la Vie Etudiante, Feres Belghith. Quelles évolutions de la fréquentation des BU depuis la crise sanitaire ? Quels sont les profils des fréquentants d’une BU ? Existe-t-il une corrélation entre la fréquentation d’une BU et la réussite de ses études ? Peut-on établir un lien entre la fréquentation d’une BU et un sentiment de bien-être sur un campus ?
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  2. L’évolution des données recueillies au sein de l’eSGBU par Marianne Esclangon, chargée d’étude MESR jusqu’au 31/12/2023, pilote de la refonte de l’ESGBU et de ses évolutions 2019-2023. La dissociation entre la fréquentation d’une BU et le fait d’emprunter des ressources documentaires sur place est-elle confirmée par les chiffres ?
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  3. L’analyse des évolutions des questions posées grâce aux archives des résultats de l’enquête LibQUAL+par Cécile Touitou, responsable de la Cellule Prospective à la Bibliothèque de Sciences Po Paris. Quelles évolutions observe-t-on ? Qu’apporte l’analyse de la durée de séjour, de l’occupation des places et des profils des fréquentants sur l’évolution des comportements ?
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  4. L’adoption d’un pluralisme méthodologique par Maher Slouma, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication au Laboratoire LERASS de l’Université de Toulouse 3 et Emmanuelle Chevry Pébayle, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication au laboratoire LISEC de l’Université de Strasbourg. Un article américain (Université du Michigan) sur les traces d’usage est disponible ici
  5. L’évaluation de l’expérience étudiante et des usages informationnels des étudiants au sein de l’Université de Bordeaux par Nathalie Falgon-Defay et Muriel Pénichon, Service transversal des Publics, Direction de la Documentation et Christelle Bayle, Observatoire de la Formation et la Vie Universitaire.
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  6. La combinaison de données induites, sollicitées et observées pour mieux connaître les usagers de l’Université McGill à Montréal par Giovanna Badia, bibliothécaire en charge de l’évaluation et des données. Des étudiants rattachés à une discipline sont-ils utilisateurs des ressources d’autres disciplines ? Qu’apportent d’autres méthodes telles que les grilles d’observation ?

ATELIERS

Des ateliers en petits groupes se sont déroulés sur place l’après-midi, dont voici une synthèse par les différents animateurs et le cas échéant le lien vers le support de présentation : 

Atelier 1 : Faire mijoter les données des caméras 3D

Animation : Henriette de Daran, correspondante évaluation du SCD de l’université de Toulouse 3

Dans un premier temps les participants ont fait des exercices sur tableur pour calculer des présences à l’aide de formules à partir de relevés sur une semaine test dans plusieurs bibliothèques. Le groupe a ensuite examiné les résultats et vu leurs limites en tant que chiffres, et la limite de leur interprétation. Le groupe a constaté que la gestion des données sur tableur impliquait des manipulations lourdes et des résultats relativement peu fiables. La réflexion s’est donc ensuite tournée sur la gestion d’un flux de données très riche avec des caméras 3D. Comment monter en puissance de quelques données tests à ce flux ? La nécessité d’un réservoir de données et d’un tableau de bord apparaît pour gérer ces masses. De plus, enrichir ces données numériques avec des données factuelles s’impose afin qu’elles soient exploitables sur la durée.

Atelier 2 : Epicollect : cueillir les usagers dans leurs parcours

Animation : Elodie Cuissard, directrice adjointe du Learning center, Université de Haute-Alsace

Le support de présentation est téléchargeable ici. L’atelier a permis de présenter Epicollect, outil libre et gratuit de collecte de données développé par l’Université d’Oxford. Pensé pour des recherches en épidémiologie, Epicollect s’avère tout à fait adaptable à des études de publics dans nos bibliothèques. L’atelier fut l’occasion pour les participants de tester les différentes fonctionnalités de l’application mobile (questions ouvertes/fermées/scann de code-barre/photo) et de découvrir le site internet associé et les propositions de visualisation des résultats.

Sur la base du retour d’expérience de l’enquête KiKoiOù mise en place au SCD d’Angers en 2017, la fin de l’atelier a permis également d’interroger les limites de l’utilisation d’Epicollect dans le cadre d’un projet réel de collecte de données, en interrogeant les questions notamment de matériel et de temps consacré à la collecte.
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Atelier 3 : Réserver pour déguster : utiliser les données LibCal

Animation : Hélène Pipet, responsable du service informatique documentaire, SCD de l’Université de Paris-Est Créteil Val de Marne

Dans un premier temps, les participants ont réfléchi collectivement aux données dont ils «rêveraient» pour mesurer la fréquentation dans leurs établissements. A côté des traditionnels indicateurs comme le nombre d’entrées par étudiant, la réflexion s’est orientée d’une part sur la corrélation entre les conditions d’accueil (température, humidité, luminosité, aménagements mobiliers…) et la fréquentation des espaces et d’autre part sur la nécessité d’enrichir les données de fréquentation avec le profil des usagers (typologie de l’usager : étudiant / enseignant / chercheur / extérieur, cursus suivi, niveau d’étude…). Ces discussions ont mis en exergue la difficulté d’obtenir des données fiables (quels dispositifs de comptage mettre en œuvre ?), homogènes (entre les différents sites d’une même université par exemple) et comparables dans le temps tout en les enrichissant avec les profils des fréquentants ou en les corrélant avec des données sollicitées ou observées. Au-delà d’expérimentations ponctuelles, comment peut-on mettre en œuvre des dispositifs pérennes d’évaluation de la fréquentation ?

Un second temps de l’atelier a été consacré à la présentation des données de réservations d’espace ou de places assises disponibles via l’outil de réservation Libcal. Un focus a été réalisé sur les données disponibles directement dans l’outil comme le nombre d’heures réservées, le nombre de réservations par étudiant, le taux d’occupation des places ou d’espaces spécifiques… Ces données nombreuses et riches permettent à la fois de mieux connaître les usages des différents espaces d’une bibliothèque et surtout d’objectiver leur taux de fréquentation. La discussion s’est poursuivie sur l’enrichissement de ces données de fréquentation avec le profil des usagers et sur l’automatisation de ces processus.

Atelier 4 : Sciences Po inspirée par McGill : les usagers sur le grill

Animation : Cécile Touitou, Responsable Cellule Prospective, Bibliothèque de Sciences Po Paris

L’atelier a permis de réfléchir aux questions à aborder dans le cadre d’une enquête flash “vous faites quoi en bibliothèque aujourd’hui” dont l’objectif est de mieux qualifier la fréquentation et la nature des visites. Les deux groupes ont pu proposer collectivement des questions qui décrivent la visite, depuis la préparation de la visite, le contenu (durée, usages, motifs), et l’impression à l’issue de la visite. Les questions ont été déposées dans un document partagé, qui permet à qui le voudrait de venir piocher dans cette banque de questions pour décliner l’enquête dans sa propre bibliothèque.

CLOTURE

Susan Kovacs a clôturé la journée. Professeure des universités, membre du laboratoire Équipe de recherche de Lyon en sciences de l’Information et de la communication (Elico), elle a présenté une synthèse des échanges de la matinée et proposé des pistes pour aller plus loin. 

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