Certains s’interrogent encore sur le rôle des services de documentation sur ces questions mais il s’agit encore et toujours du même objet, celui de la médiation entre les producteurs et les utilisateurs des données
Trois ans après le congrès « prospectif » du Havre sur les données de la recherche, un constat s’impose : si de nombreux établissements ont pris conscience de ces enjeux, les réalisations opérationnelles restent à construire.
Plusieurs raisons peuvent l’expliquer : l’appréhension compréhensible face au sujet, des relations encore trop distantes avec les chercheurs, la faible visibilité et le manque de légitimité des structures documentaires sur ce thème au sein de l’établissement ou, plus simplement, le manque de moyens humains à y consacrer.
La commission « recherche & documentation » de l’ADBU proposera d’ici le 1er trimestre 2017 un ensemble de 4 notes pratiques, dans un objectif clairement opérationnel afin que les établissements puissent s’appuyer sur ces pistes de travail. La proposition se veut également collaborative et se nourrira des apports des membres de l’ADBU en cours d’année et de retours d’expérience menées dans les établissements. Ainsi, cette diffusion échelonnée permettra les échanges et l’enrichissement des articles au fur et à mesure de leur publication.
Pour mémoire, une définition partagée des données de la recherche, a été donnée par l’OCDE[1] « Les données de la recherche sont des enregistrements factuels (chiffres, textes, images et sons) utilisés comme sources principales pour la recherche scientifique et généralement reconnus par la communauté scientifique comme nécessaires à la validation des résultats de recherche ». Il existe suivant le contexte, le financeur ou le type de données d’autres définitions (section AURORE de l’association des archivistes français[2], introduction à la notion dans le Code de la recherche[3], définition de la Commission Européenne pour H2020[4])
S’intéresser aux données de recherche soulève rapidement des questions liées à plusieurs enjeux comme l’éthique et la transparence des résultats de la recherche, la reproductibilité des résultats, la possibilité de nouvelles approches scientifiques à partir de données existantes. Les questions juridiques et de propriété intellectuelle, ainsi que les enjeux économiques sont à prendre en compte. Il ne faut pas négliger d’autres impératifs, plus immédiats, qui sont posés par les organismes financeurs dans un objectif d’efficience de la recherche et de retour sur investissement.
Certains s’interrogent encore sur le rôle des services de documentation sur ces questions mais il s’agit encore et toujours du même objet, celui de la médiation entre les producteurs et les utilisateurs des données. Aussi, il est encore plus nécessaire que les différents métiers présents dans l’université travaillent ensemble : chercheur, archivistes, bibliothécaires, documentalistes, informaticiens, ingénieurs-projet, juristes.
Selon notre collègue Alex BALL (congrès ADBU 2013), les services documentaires doivent s’appuyer sur leur connaissance de la gestion des métadonnées et sur 4 atouts complémentaires:
- Leur expérience de la formation sur les compétences informationnelles
- La gestion des entrepôts de publications
- Les relations avec les chercheurs
- Leur rôle reconnu dans le domaine de l’Open Access
Nous ne pouvons que partager ce point de vue même si les atouts relevés par notre collègue britannique sont à nuancer au regard du contexte français et de nos environnements respectifs.
Les 4 thèmes que nous avons retenus sur les données de la recherche et qui ponctueront les mois à venir sont :
Sensibiliser et former (septembre 2016) :
Cette première note donnera les éléments pour positionner sa structure documentaire au démarrage des projets de gestion des données de la recherche ou pour favoriser l’émergence et la compréhension de cet enjeu au sein de son établissement.
Une première sensibilisation sur le sujet passe par le développement d’argumentaires et la mise en œuvre d’actions de formations classiques.
Des exemples précis démontreront que tous les établissements pourraient déjà être en mesure de se saisir de ce dossier sur ce premier niveau, celui de la sensibilisation.
Accompagner les chercheurs (novembre 2016)
Le chercheur étant au centre de l’activité de gestion des données, nous mettrons l’accent sur la place de celui-ci dans le dispositif. En collaboration avec les autres acteurs de l’établissement, la structure documentaire peut développer progressivement l’offre de services la plus adaptée aux besoins précis des chercheurs.
S’appuyer sur des outils (janvier 2017)
La gestion des données de la recherche passe par des outils de signalement, d’archivage et de diffusion. L’expertise de la structure documentaire peut être celle de l’orientation et du conseil dans le choix de l’outil le plus adapté au projet de recherche. La gamme de solutions techniques et de services liés peut varier en fonction des infrastructures et des moyens financiers et humains de l’établissement.
Soutenir une stratégie d’établissement (mars 2017)
En s’appuyant entre autres sur des exemples étrangers, nous verrons comment le changement d’échelle est possible et pourquoi il doit alors s’inscrire dans une stratégie d’établissement.
Nous présenterons différentes stratégies d’établissement et les moyens et méthodes pour y parvenir.
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[1] OCDE. Principes et lignes directrices de l’OCDE pour l’accès aux données de la recherche financée sur fonds publics (2007)
[2] Section Aurore (Archives des universités, rectorats, organismes de recherche et mouvements étudiants) de l’Association des archivistes français, définition en cours de révision
[3] Loi n° 2013-660 du 22 juillet 2013 relative à l’enseignement supérieur et à la recherche, NOR: ESRJ1304228L
[4] European Commission. Guidelines on Open Access to Scientific Publications and Research Data in Horizon 2020, v. 1.0, 11 décembre 2013, p. 14