Timothée Hulin est conservateur des bibliothèques à la Sorbonne Nouvelle.
En charge du projet IDEX « Renforcer les compétences informationnelles par le numérique », il souhaite nous en présenter le résultat. Ce projet, fruit de deux années de travail, a permis le développement et l’exploitation d’une plateforme commune de formation à la recherche documentaire.

Les acteurs du projet

La Direction des Bibliothèques Universitaires (DBU) de la Sorbonne Nouvelle, porteuse du projet, s’est associée aux établissements documentaires de sa Comue, l’Université Sorbonne-Paris-Cité (USPC), intéressés par le projet : les SCD de Paris-Descartes, Paris-Diderot et Paris 13, la bibliothèque de Science-Po, la Bulac, les bibliothèques interuniversitaires Sainte-Barbe, Sainte-Geneviève et la BIU Santé.
C’est donc un projet collectif et pluridisciplinaire, reflétant la richesse et la diversité de l’enseignement et de la recherche de l’USPC.

La genèse du projet

La DBU a souhaité profiter d’opportunité de l’appel d’offres des IDEX dans sa Comue pour monter un projet collectif, capable d’intéresser l’ensemble de la communauté de l’USPC, en développant une offre de formation en ligne à la recherche documentaire. Elle s’est appuyée sur le réseau des responsables de formation des bibliothèques, préalablement structuré par le travail en commun fait pour la formation des doctorants, et a constitué un groupe de travail dédié à l’élaboration du projet. Travail collectif, partage des connaissances et des expertises ont motivé et guidé ce projet global car seule la dimension plurielle permettait d’élaborer une offre si large.
Par ailleurs, la plupart des bibliothèques concernées proposaient déjà ses propres supports et tutoriels disponibles sur leur site, sans qu’une mise en commun n’ait été pensée. Ce projet permettait l’exploitation d’une plateforme pédagogique commune. Au groupe de travail des bibliothécaires de définir les thèmes abordés, d’en établir les plans et la décomposition et d’en rédiger les canevas, de proposer les captures d’écran nécessaires et toute autre information complémentaire, au prestataire d’en proposer une mise en forme visuellement attractive et pédagogiquement convaincante.

Les objectifs du projet

À chacun son parcours : le séquençage des contenus

Très tôt, l’un des objectifs en termes de réalisation du projet, était de réfléchir au niveau pertinent de granularité pour l’apprenant. Nous voulions construire des modules thématiques permettant d’embrasser différents aspects d’un sujet, exigeant par conséquent une certaine durée, tout en tenant compte des pratiques majoritaires de consultation en ligne, une consultation beaucoup plus rapide, semblable au zapping. C’est pourquoi nous voulions des séquences de courte durée, 5 minutes grand maximum, à la fois logiquement articulées dans un plan clairement annoncé et facile à suivre, mais indépendantes et formant une entité close et autonome. Autrement dit : l’apprenant peut consulter le module « Se familiariser avec les archives ouvertes » intégralement pour tout savoir sur le sujet, ce qui requerra une vingtaine de minutes de son temps, ou juste s’intéresser à la séquence « Déposer dans HAL » pour un besoin plus ponctuel, n’exigent qu’une poignée de minutes d’attention. L’autre intérêt de l’autonomie des séquences était que chaque bibliothèque choisirait lesquelles diffuser dans ses espaces numériques, si par exemple seule une partie du module l’intéressait.
Le travail de séquençage par l’équipe est intervenu très tôt dans la gestion du projet, bien avant le recrutement du prestataire. La définition des contenus était évidemment la charpente de toute la suite du travail, gage de réussite et de qualité scientifique du résultat.

Attractivité et interactivité

Une dimension légitimant le recours à un prestataire disposant d’une expertise graphique était le développement d’un univers visuel déclinable pour tous les modules. L’aspect esthétique, que nous souhaitions à la fois épuré et élégant, clair et identifiable, était aussi fondamental que l’aspect pédagogique. La charte graphique a fait l’objet du premier échange, long en allers-retours, avec le prestataire. Elle devait être capable de plaire à un public varié, tout en respectant les bases de l’accessibilité numérique. À partir d’un modèle établi, nous avons demandé trois déclinaisons chromatiques (bleu, vert, jaune), afin de varier les atmosphères, tout en restant dans un univers cohérent, et donc rapidement appréhendable.
Par ailleurs, nous souhaitions utiliser toutes les formes intéressantes d’interactivité au sein des séquences, sans infantiliser l’apprenant, ni surcharger la séquence au détriment du contenu. Différentes activités sont ainsi proposées, selon le thème et le type de séquence : quiz finaux, intermédiaires, ou encore initiaux. Les quiz finaux, classiques, visent à faire le point sur les acquis. Les quiz intermédiaires ont notamment pour but d’éveiller l’attention, tandis que les quiz initiaux, plus surprenants, interpellent l’apprenant en contrant ses idées reçues ou l’idée qu’il croyait savoir. Les quiz prennent différentes formes : QCM, vrai /faux, boîte à remplir, appariement, texte à trous, glisser-déposer.
L’interactivité innerve aussi le reste des séquences, puisque l’apprenant doit mobiliser son clavier et sa souris (ou ses pouces sur smartphone et tablette) pour progresser dans les étapes, cliquer sur des symboles, ouvrir des pages, et agir directement sur l’écran dans le cadre des captures d’écran dynamiques.

La réalisation

Afin de correspondre au mieux à la réalité des besoins des étudiants, le choix des modules s’est appuyé sur les disciplines enseignées dans les départements, avec un équilibre entre les différentes disciplines représentées dans l’USPC (Sciences, Médecine, Lettres et Sciences Humaines et Sociales, Droit). Nous avons collégialement déterminé quelles disciplines représenter, et donc quelle part du budget leur attribuer, et quelles disciplines écarter, lorsqu’elles ne concernaient qu’un seul ou deux établissements par exemple. En termes de séquences, nous en avions demandé dans le cahier des charges trois types, à adapter selon le contenu :

  • des interfaces animées pour les séquences ne portant pas directement sur un outil,
  • des vidéos pour les sujets plus théoriques (types vidéos d’experts, dans lesquelles un bibliothécaire du groupe de travail présente un sujet),
  • des captures d’écran guidées, pour toutes les démonstrations d’outils.

Nous n’avions pas imposé de logiciel spécifique aux candidats. Le prestataire retenu a utilisé Storyline.
Un glossaire, fourni par la DBU, est dépliable à tout moment, qui permet de définir le lexique technique de chaque séquence. Pour le public non francophone, chaque écran est traduit en anglais. La traduction des termes bibliothéconomiques a été fournie par la DBU.

Le plan de travail

Le projet à proprement parler s’est étalé d’avril 2015, au moment de la candidature de la DBU, à janvier 2017, au début de la communication sur les résultats. Le marché avec le prestataire a duré de février à décembre 2016.
Cinq grandes phases, souvent enchevêtrées les unes dans les autres, ont été conduites pour mener à bien le projet :

  1. Constitution du groupe de travail et candidature à l’appel d’offres IDEX : avril à juillet 2015
  2. Définition des besoins et rédaction des contenus par l’équipe projet : avril à novembre 2015
  3. Traduction de ces besoins en cahier des charges, recrutement de l’IGE et marché public : août à décembre 2015
  4. Collaboration avec le prestataire : février à décembre 2016
  5. Communication et diffusion des résultats du projet : à partir de décembre 2016

La définition des besoins des bibliothèques a déjà fait l’objet d’un groupe de travail en amont. Pour les trois phases suivantes, nous avons procédé au recrutement d’une ingénieure pédagogique adjointe au chef de projet (IGE BAP F, emploi type Ingénieur en Technologie de la formation), placé sous la responsabilité du conservateur chef de projet à la DBU. L’ingénieure a été recrutée d’octobre 2015 à décembre 2016. Le travail avec le prestataire a fortement mobilisé le chef de projet et son adjointe, puisque chacune des 67 séquences a donné lieu à un canevas produit par les bibliothécaires, qu’il fallait centraliser, relire et lisser avant transmission au prestataire, puis envoi d’un premier story-board par le prestataire, relu et corrigé par les rédacteurs, centralisés, relus et lissés par le chef de projet et son adjointe, autant de fois que nécessaire, et de même pour les versions médiatisées.
La cinquième phase ne fait que commencer. La DBU a déjà beaucoup communiqué auprès des instances de son université (CFVU, Conseil des VP, Conseil de la documentation, Journée des pédagogies innovantes), son personnel (dans le cadre de présentations systématiques) et de sa Comue. Le public, étudiant et enseignant, est bien entendu la cible principale de la campagne de communication à venir.

Les formats

Afin de permettre une diffusion plurimodale des séquences, nous avons demandé la livraison de chaque séquence sous trois formats :

  • SCORM 2004, pour une diffusion dans les LMS des bibliothèques (Moodle principalement),
  • HTML5, pour une diffusion sur les CMS des bibliothèques,
  • PDF pour les fiches synthèses rédigées à partir du canevas. Chaque module contient ainsi un dossier de fiches synthèses, téléchargeables, qui reprennent le contenu de chaque séquence de manière linéaire, pour les usagers préférant une lecture cursive et uniquement textuelle.

Propriété intellectuelle

La DBU a exigé du prestataire la cession définitive de l’intégralité des droits d’auteur des livrables, s’étant assuré d’avoir au préalable obtenu la cession des droits d’auteur de tous les intervenants (voix off, acteurs, graphistes, etc.). Propriétaire des produits pédagogiques livrés, la DBU les a placés sous licence libre Creative Commons CC-BY-NC-ND (attribution, pas d’utilisation commerciale, pas de modification).

Traçabilité versus libre accès

Nous avons fait le choix de proposer en accès libre les séquences, y compris sur Moodle. Ce choix nous prive du traçage nominatif des connexions, et de savoir qui (quel profil, département, niveau, etc.) a consulté les séquences. Moodle permet en revanche de savoir combien d’utilisateurs uniques se sont connectés pour consulter quelles séquences pendant combien de temps. Ce compromis nous a semblé suffisant, le but du projet étant d’être le plus diffusé possible et utilisé, sans frein d’identification.

Liens utiles : où consulter les séquences

-Sur notre portail documentaire Virtuose + : un échantillon de 16 séquences consultables par tout internaute : http://www.dbu.univ-paris3.fr/formations/sequences-pedagogiques
-Sur le Moodle USPC : la totalité des 67 séquences, réparties dans 20 modules thématiques, divisés en 5 grandes catégories accessibles à tout internaute – cliquer sur « Accès public » depuis la page d’accueil puis entrer dans le cours « Recherche documentaire » : https://moodle.uspc.fr/login/index.php
Les fichiers sources des séquences peuvent être envoyés à la demande d’établissements extérieurs à l’USPC pour une diffusion dans leurs espaces respectifs (CMS, LMS).

Contact

Timothée Hulin – conservateur des bibliothèques à la Sorbonne Nouvelle en charge du projet timothee.hulin@sorbonne-nouvelle.fr

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