Panorama des compétences et connaissances informatiques en BU

Les questions de formation sont au cœur des échanges de la commission SSI en raison du positionnement même de ses membres. En effet, bien que ceux-ci occupent souvent des postes similaires dans les organigrammes de leurs établissements, le périmètre de leur action ainsi que leurs compétences diffèrent grandement. D’autre part, les services de signalement et d’informatique documentaire en bibliothèque sont confrontés régulièrement à la nécessaire montée en compétence technique de personnels de la filière bibliothèque pour assurer les missions de ces services. Partant de ce constat, la commission a décidé d’en faire un axe de travail à partir de janvier 2020, en s’interrogeant sur ce qu’était l’informatique documentaire en bibliothèque et les limites qu’on pouvait lui fixer.

Les premiers besoins identifiés relevaient principalement de compétences techniques précises sur des outils utiles à la gestion des données mais, au fil des échanges, une lacune plus générale est apparue sur le fonctionnement même de tous ces éléments informatiques (base de données, SIGB, internet). La réflexion de la commission a alors été interrompue par la période de confinement de mars à mai 2020. Cet épisode, durant lequel les services d’informatique documentaire et de gestion de la documentation électronique ont été particulièrement mobilisés, a mis en exergue une carence plus importante encore que prévu face à l’environnement informatique. Cette carence est apparue difficile à combler du fait de l’inadaptation de l’offre de formation aux spécificités des métiers des bibliothèques.

Cet examen des différentes situations rencontrées soulève un certain nombre de questions qui touchent aux identités professionnelles mêmes, ce dont témoigne la rareté des références à l’informatique dans les statuts et les formations initiales aux métiers des bibliothèques.  Ainsi, on peut se demander comment concilier l’évolution d’une identité technique professionnelle basée sur du catalogage à la pièce et en finesse, avec l’utilisation croissante de traitements globaux et correctifs ; dans quelle mesure doit-on assurer nous-mêmes ces nouvelles missions ou plutôt les déléguer à une direction des services numériques ?

La question primordiale est de savoir ce que recouvre concrètement l’expression “compétences informatiques”. Que signifie exactement avoir ou non des “compétences informatiques” ? La commission s’est ici heurtée à la définition très ambiguë de l’informatique et n’est parvenue à un consensus qu’une fois que la phrase “l’informatique, c’est ce qu’on ne sait pas faire” a été prononcée.

La commission SSI a donc décidé d’inclure l’ensemble des personnels de bibliothèques dans sa réflexion quelles que soient leurs compétences informatiques. Cela comprend :

• Des connaissances nécessaires à la bonne compréhension de son travail quotidien, quel qu’en soit le niveau technique : compréhension du fonctionnement des bases de données et des principaux langages informatiques, notions sur le fonctionnement du Web, culture informatique de base (vocabulaire et notions de base )…
• Des compétences à proprement parler : maîtrise de tel ou tel outil ou technique.

Les besoins diffèrent énormément d’un établissement à un autre, voire d’une personne à une autre, c’est pourquoi la commission a défini trois publics scindés eux-mêmes en plusieurs niveaux :

• Public 1 : L’ensemble des personnels des bibliothèques. En effet, chacun est confronté à un outil informatique que ce soit pour faire du prêt, pour écrire un texte ou juste écrire un mail.
• Public 2 : Les collègues amenés à produire et gérer des métadonnées dans une brique quelconque du SID.
• Public 3 : Toute personne en charge du suivi de la qualité d’un catalogue ou d’un entrepôt de données. En effet, le système d’information étend de plus en plus souvent ses ramifications en dehors de la cellule qui lui est dédiée et certains agents des bibliothèques sont amenés à avoir une responsabilité plus ou moins importante sur la gestion des données de l’établissement.
• Public 4 : Toute personne chargée de l’administration d’un système documentaire ou numérique
• Public 5 : Toute personne amenée à faire des développements autour du SID

Les publics 4 et 5 ont besoin d’un accompagnement particulier sur des outils très techniques pour effectuer des tâches précises et être en mesure de comprendre plus en profondeur l’environnement informatique dans lequel ils évoluent.

La commission SSI cherche à fédérer les établissements autour des questions auxquelles ils sont tous confrontés et auxquelles ils apportent à ce stade des solutions individuelles et pas toujours reproductibles. Ce travail, initié avec la commission Recherche et Documentation – qui a aidé à compléter le panorama – a également occasionné des échanges avec la commission Compétences et Métier. L’objectif, dans un premier temps, était d’établir un cadrage partagé des perspectives de formations sur les connaissances et compétences informatiques, afin de créer les conditions d’une vraie coordination nationale.