Le trajet de l’édition 2018 du Cyclo-biblio est enfin connu !
Angers – La Rochelle, ce sont près de 200 kilomètres qui attendront un nombre toujours plus croissant de bibliothécaires en juin prochain. Pourquoi pas vous ?
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Qu’est-ce que Cycling for libraries
« Les grandes idées viennent du Nord » disait un philosophe, suédois sans doute. Le mouvement Cycling for libraries (littéralement “pédaler pour les bibliothèques”) semble confirmer cet adage. Créé en 2011 par des collègues finlandais, le concept avait de quoi intriguer : réunir quelques bibliothécaires autour de deux piliers a priori sans rapport particulier, le vélo et les bibliothèques. Pourtant ce mode de circulation doux, par le rapport aux autres et au temps qu’il offre, a permis de réinventer les concepts d’événement et de rencontre professionnels. Cycling for libraries a en effet imaginé une autre façon de les construire : penser une rencontre réunissant de manière originale bibliothécaires et amoureux des bibliothèques, l’organiser sur le principe de la conférence informelle et porter la parole des bibliothèques par des actions de promotion et d’explication de leurs rôles et missions.
Donc pas de Powerpoint, ni de longues présentations en amphithéâtre mais du mouvement, des échanges, des visites, des expérimentations, tout cela bien sûr en se déplaçant, parfois longtemps, à vélo. L’autre aspect essentiel et original de la manifestation est d’en faire une opération d’advocacy pour les bibliothèques et les valeurs qu’elles défendent. Concept issu du monde libéral anglo-saxon, l’advocacy est une activité de communication et de marketing visant à influencer les politiques publiques ou d’enseignement et à faire entendre aux élus et plus globalement aux décideurs la nécessité d’une cause[1]. Encore peu développée en France, elle consiste, dans le cadre de Cyclo-biblio, à mener tout au long du parcours des actions de promotion à destination de multiples cibles : élus, grand public, usagers, collègues bibliothécaires, médias… Parler de et promouvoir les bibliothèques en profitant de la visibilité donnée par le mode de déplacement original choisi, permet aussi de rendre les participants acteurs du projet.
De Cycling for libraries à Cyclo-biblio
En 2014, l’édition internationale de Cycling for Libraries s’est déroulée en France pour accompagner le congrès annuel de l’IFLA : 85 bibliothécaires du monde entier de 15 nationalités différentes ont relié Montpellier à Lyon pour rejoindre le congrès de l’IFLA en visitant en chemin de nombreuses bibliothèques et en échangeant à l’occasion des heures passées sur la selle.
En 2014, Lara Jovignot, bibliothécaire franco-suisse exerçant à Lausanne et quelques autres décidèrent de poursuivre l’aventure francophone avec le Cycling for Libraries arrivé à l’IFLA à Lyon depuis Montpellier.. Ce fut la naissance de la déclinaison francophone du mouvement : Cyclo-biblio. Un petit groupe motivé de bibliothécaires a depuis organisé trois autres éditions : – Bâle-Strasbourg en 2015, Toulouse-Bordeaux en 2016, le Tour du Lac Léman en 2017.
Qu’apporte Cyclo-biblio à la profession ?
Au-delà des visites d’établissements et de rencontres avec des collègues présentant en situation leurs projets et leurs réalisations, l’événement Cyclo-biblio puise son originalité et sa richesse dans son aspect hybride et paradoxal : informel et professionnel, ludique et sérieux, décalé et organisé… Il vise à explorer des thématiques actuelles des métiers de la documentation en mettant les participants dans une position active qui maximise leur réflexion et leurs apprentissages. Ils sont en partie prenante du programme construit : ils arrivent avec une thématique, une question qu’ils veulent explorer ou partager et lors de ces quelques jours où le groupe vit ensemble, ils vont pouvoir l’aborder avec de multiples interlocuteurs : les bibliothécaires qui les reçoivent mais aussi (et surtout ?) avec les autres participants. Ceux-ci pourront, en fonction de leur expérience et de leurs compétences, apporter des éléments de réponses aux questionnements des autres. Ils interviennent également dans la gestion de la communication du Cyclo-biblio, où les tâches sont partagées. Ils sont sollicités pour rédiger des articles pour Livres Hebdo, chaque jour malgré les nombreuses visites et les kilomètres. Ils interviennent à l’arrivée dans les bibliothèques visitées, en illustrant de leur expérience, une des devises du Cyclo-biblio. La rédaction d’un article à l’issue de l’aventure pour dire dans quelle mesure le Cyclo-biblio a répondu à leur problématique démontre aussi qu’il s’agit bien d’un investissement professionnel, à destination de son employeur. L’occasion de faire rimer problématique professionnelle avec motivation personnelle, plaisir, curiosité
Cyclo-biblio vise également à communiquer sur les bibliothèques, leur rôle et les valeurs qu’elles défendent. Cet objectif d’advocacy passe par de multiples canaux. La visibilité du peloton et les interrogations qu’il génère tout au long du parcours permet d’engager la conversation avec le grand public. Les échanges avec les élus lors des réceptions dans les bibliothèques offre la possibilité d’aborder avec les décideurs et les financeurs la question de la place des bibliothèques dans la ville ou l’université et des moyens nécessaires dont elles disposent pour remplir leurs missions. Les opérations d’advocacy sont aussi des moments d’échanges particulièrement riches et appréciés par les participants. Chacun vient avec deux documents à offrir à une personne rencontrée au hasard du parcours, estampillés d’autocollants “une bibliothèque ça sert à quoi ?”. Les articles et reportages dans les médias régionaux qui accompagnent l’aventure témoignent et participent également de ces efforts de promotion, de défense et d’illustration des bibliothèques et des métiers de la documentation que Cyclo-biblio permet.
Comment les BU peuvent-elles s’en saisir ?
Cycling for libraries et Cyclo-biblio ont toujours visé un brassage entre les différents types d’établissements les différentes manières exercer le métier de bibliothécaire aujourd’hui. Cela se reflète à la fois dans le programme, qui explore des bibliothèques de lecture publique et de l’enseignement supérieur et de la recherche, ainsi que dans le profil des participants issus des deux univers. Les retours des cyclothécaires recueillis à l’issue de chaque édition souligne particulièrement l’intérêt de ce “mélange” qui sort chacun de son domaine de connaissance et permet par le regard décalé que lui renvoient des bibliothèques toutes différentes de puiser souvent des inspirations inattendues.
Outre cette fertilisation croisée, un établissement tire de nombreux avantages à la participation de son personnel à l’aventure Cyclo-biblio : découverte de nouveaux modes de fonctionnement parfois de nouvelles problématiques, remobilisation du fait du sentiment d’appartenance à une communauté professionnelle, regain de motivation aux vues d’expériences équivalentes chez d’autres collègues, partage de bonnes pratiques, réseautage.
A tous ces titres, Cyclo-biblio est résolument une action de formation continue. Il s’agit bien d’une conférence professionnelle qui permet de s’interroger sur sa pratique, de la situer par rapport aux environnements visités, de glaner des idées pour sa bibliothèque, pour l’équipe, pour son parcours professionnel, de s’impliquer dans le fonctionnement et dans la visibilité de l’aventure.
Alors bien sûr, il faut aimer faire du vélo mais tout ce qu’on apprend et partage en chemin vaut bien un petit effort.
Article rédigé par :
Gilles Russeil, Responsable du Pôle documentaire Humanités chez Université Bordeaux Montaigne et Vice-président de Cyclo-biblio (2014-2017)
Lara Jovignot, Présidente du Cyclo-biblio, Bibliothécaire déléguée à la politique documentaire des Bibliothèques de la Ville de Lausanne (2014-2017)
Emilie Barthet, Directrice-adjointe des Bibliothèques universitaires Jean Moulin Lyon 3
[1] Pour en savoir plus sur le concept d’advocacy : Anthony Merle, L’advocacy des bibliothèques : vers un modèle à la française, Enssib. 2012. Diplôme de conservateur des bibliothèques.